Dans une annonce qui fait déjà polémique, Donald Trump a révélé son intention de créer une « commission d’efficacité gouvernementale » s’il est réélu président en novembre. Cette initiative, inspirée et potentiellement dirigée par le milliardaire Elon Musk, viserait à auditer l’ensemble du gouvernement fédéral.
Présentée comme un moyen plus efficace de rationaliser l’administration, cette proposition soulève mile et une interrogations quant aux conflits d’intérêts potentiels et à la vision économique du candidat républicain.
Une idée controversée née d’une alliance inattendue
C’est lors d’un discours au Club économique de New York que Donald Trump a dévoilé ce projet audacieux. « Sur suggestion d’Elon Musk, qui m’a accordé son soutien total et complet, je créerai une commission d’efficacité gouvernementale chargée de mener un audit financier et de performance complet de l’ensemble du gouvernement fédéral« , a déclaré l’ancien président. Il a ajouté qu’Elon Musk avait accepté de diriger cette task force, dont la mission serait de proposer des « réformes drastiques« .
De son côté, le patron de Tesla et SpaceX s’est empressé de confirmer son intérêt sur X (anciennement Twitter) : « Je serais heureux d’aider une telle commission. J’ai hâte de servir l’Amérique si l’occasion se présente. Pas besoin de salaire, de titre ou de reconnaissance. »
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Des conflits d’intérêts potentiels
Cette annonce soulève immédiatement des questions quant aux potentiels conflits d’intérêts. Plusieurs entreprises d’Elon Musk font actuellement l’objet d’enquêtes par des agences fédérales.
Le Wall Street Journal souligne notamment le risque que Musk utilise sa position pour cibler des organismes comme la SEC (qui enquête sur son rachat de Twitter) ou le National Labor Relations Board, avec lequel il a eu des différends par le passé. La mise en place d’une telle commission donnerait à Musk un point de vue bureaucratique idéal pour s’en prendre à ses ennemis au sein du gouvernement, sous couvert « d’efficacité« .
Une vision économique contestée
Cette proposition s’inscrit dans la lignée du programme économique de Trump pour un second mandat, qui promet d’être favorable aux plus riches tout en étant potentiellement désastreux pour le reste de la population. Bien que Trump et ses alliés insistent sur la nécessité d’un « gouvernement efficace » et d’une réduction des dépenses fédérales, son bilan en la matière est loin d’être exemplaire.
Lors de son premier mandat, Trump a contribué à l’une des plus fortes augmentations de la dette nationale de l’histoire américaine, notamment en accordant d’importantes réductions d’impôts aux plus riches. Certaines estimations suggèrent même que Trump a augmenté la dette nationale deux fois plus que Biden. De plus, les analyses de son nouveau plan économique prévoient qu’il pourrait ajouter jusqu’à 4 000 milliards de dollars au déficit national au cours de la prochaine décennie, soit nettement plus que le plan de Kamala Harris.
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Une rhétorique agressive envers l’opposition
Pour détourner l’attention de ces critiques, Trump et ses alliés, dont Musk, ont adopté une rhétorique agressive envers Kamala Harris, la qualifiant de « communiste » malgré son parcours d’ancienne procureure et son mariage avec un avocat d’affaires. Trump multiplie les attaques, la surnommant « Camarade Kamala » et suggérant que ses propositions économiques, pourtant modérées, mèneraient l’Amérique vers le bolchevisme.
Cette stratégie semble viser à présenter toute tentative d’utiliser le gouvernement pour atténuer l’impact de la prédation des entreprises sur les citoyens ordinaires comme du « communisme« , tandis que la voie de la « vertu bureaucratique » passerait par la privatisation et les cadeaux fiscaux aux plus riches.
L’annonce de Trump et Musk soulève de nombreuses questions sur la vision économique et gouvernementale du candidat républicain, ainsi que sur les potentiels conflits d’intérêts d’une telle commission. Elle illustre également la polarisation croissante du débat politique américain à l’approche des élections de novembre.